La plume me permet d’entrer en contact avec les arbres. Parce qu’elle prend du temps.
Dans les aller-retour entre le végétal et le papier, l’oeil est ralenti, il se perd, et la main peine. L’encre sèche, la plume s’empâte, Arnold baille à s'en décrocher la mâchoire, Meiko vient réclamer une caresse, Christine revient de promenade, Margot appelle, l’heure passe sur quelques centimètres carrés. Mais c’est ainsi que les arbres dialoguent. Il me semble que leur âme apparaît, dans ces détails que je n’avais jamais remarqués et que la lumière qui bouge rend perceptibles. La lumière change autour d’eux et révèle leur propre lumière. Ils me racontent leur histoire dans les angles de leurs branches, dans les feulements de leurs feuilles, dans les nœuds de leur tronc.
Et c’est cette histoire que ma main transcrit sur le papier. C’est en tout cas comme ça que je le vis. Avant de discuter en silence avec un tilleul, je ne savais pas que les tilleuls font pousser certaines branches à angle droit.