La tempête
Je me souviens d'une course contre la montre en Méditerranée. Nous étions en mer avec mon ami Alain, le temps a changé assez vite, le ciel s'est assombri et le vent s'est levé. Nous sommes rentrés dare-dare. Plus nous avancions, plus la houle s'est creusée, le vent s'est mis à blanchir la crête des vagues. Le bateau tapait, on prenait des embruns dans la gueule et sur le corps. On avait froid, on se demandait si on allait y arriver. On traçait, aussi vite qu'on pouvait, et on ne pouvait pas très vite si on voulait éviter de prendre les lames de face. C'était rien à côté d'une tempête, et c'était déjà très très impressionnant.
On est arrivés à l'abri de Cala Rossa, on a galéré pour amarrer le bateau. Même à l'abri du vent, les creux étaient impressionnants, on faisait des aller-retour en ascenseur. Impossible de rester debout. Attraper le boutre à la bouée, sécuriser les attaches, plonger dans l'eau crépitante de pluie pour vérifier le boutre, rentrer à la nage jusqu'à la plage, trempés, frigorifiés. Mais heureux.
Mai 2021
Plume et encre de Chine.
Format : 26 cm x 21 cm